La police scientifique avait déjà l’habitude de traquer l’ADN sur une scène de crime, présente notamment dans les fluides corporels et dans les cheveux. La découverte récente de deux équipes scientifiques vient de prouver que cette signature génétique se retrouve aussi dans l’air.
Comme souvent dans les découvertes scientifiques, tout commence par une recherche aux antipodes de la criminalistique. Début 2021, des chercheurs de l’université de York en Angleterre et de l’université de Copenhague au Danemark ont décidé d’installer dans deux zoos européens des capteurs équipés de filtres afin de prélever des échantillons d’air et d’en analyser la composition. L’objectif initial était de déterminer s’il était possible, grâce à cette méthode, de recenser les espèces animales présentes dans un habitat naturel, de les suivre pour mieux les protéger et d’effectuer ainsi un suivi extrêmement précis des espèces menacées.
Le résultat des séquençages a dépassé toutes leurs espérances puisque dans les deux cas, les scientifiques ont retrouvé non seulement l’ADN de nombreuses espèces animales mais également du matériel génétique humain provenant des personnes chargées de l’expérience. Une première et la promesse pour les équipes de police scientifique de voir encore progresser les techniques d’investigation.
L’ADN humain, une trace propre à chaque individu.
Ce n’est que dans les années 80 que les investigations criminelles ont commencé à intégrer la recherche des traces ADN sur les scènes de crime. Ce sont les travaux d’Alec Jeffreys, un chercheur britannique de l’université de Leicester, qui ont ouvert cette voie de la trace génétique. Là encore, la finalité de ses recherches était bien loin du domaine de la police scientifique : l’équipe de chercheurs s’intéressaient avant tout à la transmission héréditaire de certaines maladies génétiques. Mais ils ont découvert au passage que des portions d’ADN du génome sont uniques à un individu. Une découverte qui aura en 1985 une application pratique. Sollicité par la police lors de l’assassinat de deux jeunes filles, le laboratoire d’Alec Jeffreys va mettre en évidence grâce aux traces de sperme prélevées sur la scène de crime, que les deux meurtres ont bien été commis par une seule et même personne.
L’ADN dans l’air, un progrès décisif.
L’évolution des techniques de prélèvement et d’analyse ainsi que l’entrée en fonctionnement en 2000 du FNAEG (le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétique qui compte aujourd’hui près de 3,5 millions de profils génétiques) ont déjà révolutionné les méthodes d’investigation. Il est désormais possible de détecter et séquencer de l’ADN en prélevant les traces même minuscules qu’un individu, criminel ou victime, laisse sur son passage. C’est le cas notamment pour le sang, le sperme ou la sueur ainsi que pour les cheveux munis de leur racine. Faute de bulbe capillaire, c’est l’ADN mitochondrial (un ADN uniquement transmis par la mère) qui est recherché.
La possibilité de capter l’ADN en suspension dans l’air et de le comparer à celui d’éventuels suspects ou à la base de données existante, ouvre encore de nouvelles perspectives pour résoudre les affaires criminelles les plus complexes.
Sources :
https://leblob.fr/videos/adn-environnemental-une-revolution-dans-air
https://www.science-et-vie.com/technos-et-futur/peut-on-prelever-de-l-adn-dans-l-air-63699
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