Les policiers en rêvaient, le Ministre de la justice l’a fait ! L’article 3 de la loi d’orientation de la justice prévoyant la possibilité de prendre le contrôle à distance de la caméra et du micro d’un appareil connecté a en effet été adopté par le Sénat le 7 juin dernier. Une possibilité strictement encadrée et limitée aux affaires les plus graves comme le grand banditisme et le terrorisme.
Le bon vieux micro caché par un homme de l’ombre dans un pied de lampe ou sous le tableau de bord d’une voiture, a du plomb dans l’aile ! Grâce à cette disposition prévue dans le projet de loi justice du ministre Eric Dupont Moretti, les forces de l’ordre auront désormais la possibilité d’activer à distance un micro ou une caméra. L’objectif est double : obtenir la géolocalisation en temps réel et, dans le cadre d’affaires de terrorisme, de délinquance et de criminalité organisées, être autorisées à capter tous les sons et les images à l’insu de leurs propriétaires. Un gain de temps et d’efficacité inestimables pour les enquêteurs qui n’auront plus besoin d’identifier les lieux ou les véhicules et de se déplacer pour poser leurs mouchards avec le risque toujours possible d’être découverts.
Des limites bien établies
Ce qui est vrai pour un téléphone l’est également pour tout appareil connecté, enceinte, ordinateur, électronique embarquée, montre, qui pourra ainsi être piraté et espionné. Le début d’une « surenchère sécuritaire » comme s’en émeut notamment l’OLN (Observatoire des Libertés et du Numérique) ? Ce déclenchement à distance qui ne concerne évidemment pas « monsieur tout le monde » mais cible bien des individus identifiés par les policiers dans certains dossiers, sera soumis à un contrôle strict et devra notamment être validé par un magistrat. Le Sénat a par ailleurs adopté un amendement limitant le recours à la géolocalisation aux infractions punies d’au moins dix ans de prison au lieu des cinq ans initialement prévus. Il n’en demeure pas moins que l’accès à ces dispositifs d’espionnage vont dans le sens d’une surveillance de plus en plus généralisée, une source d’inquiétude pour certaines professions « sensibles » comme les avocats et les journalistes.
Des messages piégés
Pour les messageries comme WhatsApp et Telegram dont le système chiffré plus complexe offre une protection supplémentaire face à cette prise de contrôle, la seule manière d’y accéder passe par l’envoi d’un message incitant à cliquer sur un lien ou une pièce jointe qui va installer un logiciel espion. Une pratique déjà couramment utilisée par des individus malveillants pour dérober des informations confidentielles comme l’identité et les coordonnées bancaires de la personne victime du piratage.
Sources :
Justice: Caméras ou micros des téléphones pourront bien être activés à distance (20minutes.fr)
Le Sénat donne son accord à l’activation à distance des caméras et micros des téléphones (msn.com)
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