Avec le film “Criminel” ou encore la série “Mind Hunter“, la production américaine nous avait déjà habitués à plonger au coeur des esprits criminels. La fiction devient aujourd’hui une réalité, comme vient de l’expérimenter la police de Dubaï avec sa machine Memory print.
Lire dans les pensées d’un suspect pour mieux le confondre, c’était il n’y pas si longtemps une idée digne d’une oeuvre d’anticipation. C’est aujourd’hui possible. Le département Général des sciences judiciaires et de criminologie de Dubaï* vient en effet d’utiliser pour la première fois la technologie “Memory print” (que l’on peut traduire par “machine à imprimer la mémoire”), afin de résoudre une affaire criminelle. Une première qui ouvre sans aucun doute de nouvelles perspectives aux enquêteurs du Monde entier.
L’affaire a eu lieu en janvier 2022. Suite à un meurtre commis dans un entrepôt où l’on avait retrouvé l’arme du crime, la police de Dubaï a identifié plusieurs suspects potentiels. Les enquêteurs ont décidé de les soumettre à ce nouvel outil technologique qui depuis un an, était déjà en cours d’expérimentation dans leurs services.
Memory print, un polygraphe cognitif 100% fiable?
Comment fonctionne cette technique? Lors d’un interrogatoire, un casque muni d’électrodes et relié à la machine, est placé sur le crâne de l’individu. On lui lui présente ensuite des photos ou des objets reliés au meurtre. La “Memory print” enregistre alors les ondes cérébrales émises par son cerveau et notamment les ondes cérébrales P300. Ces dernières correspondent à une activité cérébrale déclenchée par un stimulus visuel ou auditif. Un pic de ces ondes spécifiques signifie que la personne a imprimé dans son cerveau le souvenir de l’objet ou de la scène qu’on lui présente sur des photos. En un mot, ou plutôt avant même de pouvoir formuler un mot, elle est trahie par sa mémoire, capable de stocker tous les événements de la vie quotidienne!
Les neurosciences à la rescousse de la vérité.
Cette technique qui place les neurosciences au coeur de l’enquête policière et des techniques forensiques, a été mise au point par le neuroscientifique américain Lawrence Farwell, ancien chercheur à la prestigieuse université de Harvard et inventeur de la “brain fingerprinting*” (ou technologie d’empreinte cérébrale). il s’agit en quelque sorte d’un polygraphe cognitif quasiment infaillible. Lawrence Farwell dirige actuellement le Brain fingerprinting laboratories dont l’objectif est de développer des systèmes de tests pour déterminer quelles sont les informations stockées dans la mémoire humaine afin de les mettre à la disposition de la justice en tant que preuves scientifiques.
Son travail l’a déjà placé sur la liste des cent innovateurs les plus influents du XXIème siècle dans le magazine Time. Il a même fait une apparition avec sa machine dans la deuxième saison d’un documentaire sur Netflix, “Making of a Murderer“. Là encore, la réalité rejoint la fiction….
Une preuve recevable?
Aux Etats Unis, les tribunaux ont de plus en plus souvent recours à l’imagerie cérébrale. En France, en revanche, les magistrats sont encore peu enclins à utiliser cette source “cognitive” de vérité, car si le cerveau ne peut mentir, il reste toutefois délicat d’en interpréter les réactions.
Dans le cas de l’affaire de Dubaï, la “Memory print” a parfaitement remplie son rôle! En effet, le cerveau de l’un des suspects a réagi à la vue de l’arme du crime par une salve d’ondes P300. Interrogé par les policiers, il est ensuite passé aux aveux.
Sources
*https://menafn.com/1101492036/Dubai-Police-nab-murderer-by-looking-into-his-brain
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