Le sexome, une preuve potentielle dans les agressions sexuelles

  • 19 février 2025
  1. Home
  2. /
  3. Actualité
  4. /
  5. Le sexome, une preuve...
-->

Grâce aux nouvelles techniques de prélèvement et d’analyse, les sciences forensiques jouent un rôle essentiel dans la résolution des crimes sexuels. Là où la recherche de sperme est mise en échec, le sexome, encore appelé microbiome génital, pourrait prendre le relais et devenir un outil complémentaire, voire déterminant.

Qu’est-ce que le sexome ? A l’heure où l’on découvre l’importance du microbiote humain dans de nombreux domaines de la santé, les chercheurs ne se limitent plus à l’analyse de cette flore bactérienne qui colonise la peau et l’intestin. Ils s’intéressent également aux micro-organismes qui peuplent les zones génitales féminines et masculines, le microbiome génital. Pour des questions de santé et notamment la prévention des infections sexuelles, mais pas seulement.

Une signature microbienne unique

L’étude menée par une équipe de chercheurs de l’Université Murdoch de Perth en Australie sur une douzaine de couples hétérosexuels, a en effet mis en évidence que chaque individu possède une flore microbienne génitale qui lui est propre. Plus abondante chez la femme que chez l’homme, elle se transfère de l’un à l’autre lors d’un rapport sexuel.  Pour Brendan Chapman, scientifique médico-légal et co-auteur de cette étude, la découverte de ces « traces » pourrait devenir une alternative efficace pour identifier l’auteur d’un crime sexuel.

Une identification possible même avec un préservatif

Selon les scientifiques à l’origine de cette découverte, cette nouvelle technique pourrait intervenir de manière décisive lorsque l’analyse ADN du sperme se révèle problématique.  Le prélèvement du matériel biologique sur une victime d’agression sexuelle est désormais très au point et permet grâce aux banques de données génétiques, de nombreuses identifications. Mais la méthode se heurte à plusieurs difficultés, notamment à la réalité temporelle. Au-delà de 48 heures, la quantité de spermatozoïdes diminue drastiquement et peut être insuffisante pour mener à bien des analyses concluantes. Par ailleurs, en l’absence d’éjaculation ou en présence d’un préservatif, ces traces biologiques sont inexistantes.

En revanche, grâce à des techniques de séquençage sophistiquées, il est possible de détecter la signature sexuelle transférée d’un partenaire à l’autre dans les échantillons prélevés jusqu’à cinq jours après le contact sexuel. Mieux encore, ces transferts sont détectables après le lavage des parties intimes, et même si c’est dans une moindre proportion, lorsqu’il y a eu utilisation d’un préservatif. Dans ce cas, précise Brendam Chapman, ce sont surtout les éléments du microbiome sexuel féminin qui sont retrouvés sur l’appareil génital masculin. De quoi confondre encore plus d’agresseurs sexuels même en l’absence d’ADN et cela, sans avoir besoin de réaliser de nouveaux prélèvements sur les victimes déjà fortement traumatisées !

La prochaine étape pour les scientifiques est d’affiner la technique en vérifiant quels sont les facteurs qui peuvent affecter le sexome, en particulier le microbiome vaginal soumis au cycle menstruel, ces variations risquant de fausser les résultats. Une recherche qui s’avère pleine d’espoir pour les sciences forensiques.

Lire l’étude complète (en anglais) ici

Tous droits réservés - © 2025 Forenseek

Nos suggestions